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3 novembre 2023 5 03 /11 /novembre /2023 10:27

Hémodialyse à domicile : drôle d’aventure

 

15 Mai 2023, jour J-1.

Tout est prêt dans le bureau réaménagé en « salle de soins » pour Frédéric, hémodialysé depuis avril 2022, après une grosse intervention chirurgicale où il a perdu toutes fonctions rénales et urinaires.

   Accueilli depuis plusieurs mois à l’ALTIR du C.H.U. de Brabois, il a suivi scrupuleusement une formation pour connaître le     fonctionnement de la machine Physidia, et surtout l’art et la manière de procéder aux ponctions artérielle et veineuse sur sa fistule  pratiquée en août 2022 au bras gauche.

   C’est avec beaucoup de courage et surtout de volonté qu’il a envisagé cette hémodialyse à domicile, ses déplacements à Brabois   étant très épuisants, car même si les voyages forment la jeunesse, à 70 ans et lorsqu’on habite à 60 kms cela devient vite lourd à   gérer.

   Et comme nous sommes unis pour le meilleur et pour le pire, je n’ai pu qu’approuver cette démarche, et me suis donc     "collée"   aussi à la formation pendant 6 semaines avec un lever à 5 h du matin 5 jours sur 7, pour nous deux, des trajets de près d’une heure,   et une concentration au maximum pour bien retenir les gestes et le fonctionnement de la machine. La détermination de mon époux   ne pouvait que me booster, guidée aussi par l’amour que nous partageons depuis plus de 40 ans. Et ma foi, je ne m’y prenais pas si   mal, moi qui n’avais été qu’une administrative et dont les doigts ne connaissaient que le clavier de l’ordi. J’étais devenue à 75 ans,   «infirmière» à domicile, apprenant la façon de caler la fistule pour un piquage facile, à aider lors  des étapes de branchement et à   « dépiquer » en fin de séance.

  Après toutes ces semaines d’apprentissage, le jour J approchait à grands pas, il fallait donc aménager notre logement en conséquence. Nous avons donc « sacrifié » la petite chambre qui servait à accueillir nos petits-enfants, et j’y ai logé mon bureau. Les petits devenus grands ont d’autres priorités que de passer leurs vacances avec papy et mamie, c’est tellement mieux avec les copains, voire les copines !!! L’ancien bureau est devenu la pièce à dialyse avec ses étagères de stockage du matériel nécessaire aux séances, le meuble qui supporte la machine, la table de soin, le fauteuil électrique et le petit coin TV. Nous avons même pu y caser le bureau de Frédéric.  Dans cette « chambre » il est plus près de la pièce à vivre et peut profiter de mes déplacements dans la maison.

   En amont de cette première séance, nous avons reçu la commande de la pharmacie pour les consommables nécessaires aux séances, et là…. Mon Dieu, mais où allons-nous stocker tout ça ?? C’était sans compter sur l’esprit débrouillard de ma moitié qui a trouvé d’emblée à ranger tous les cartons et consommables livrés (près d’une tonne par mois) …    Moi, je m’occupe de la partie « paperasse » : inventaire mensuel des stocks et commande de pharmacie, relevé des séances, tenue des paramètres journaliers des séances. Comme vous le voyez, je me suis octroyée la partie la plus facile de l’hémodialyse…. Enfin, c’est ce que je croyais !!

 

          16 Mai 2023 – Jour J

  

Aie, aie, aie ! Je ne sais pas pourquoi j’ai la boule au ventre…. Frédéric a préparé sa machine, installé tous les consommables, les poches de dialysat, paramétré la tablette et nous attendons Claire, notre Infirmière coach de l’ALTIR qui doit nous superviser pour cette première séance à domicile. Tout se joue maintenant…. Et tout se passe aux « petits oignons ».

   Pendant la séance, j’essaie de vaquer à mes occupations ménagères, mais je courre à la moindre alarme de la machine que Frédéric maîtrise parfaitement. Il est d’un calme impressionnant. Je lui apporte un petit café réconfortant et une madeleine au cours de la première heure. Je note les paramètres de la tension artérielle toutes les 45 minutes (ça me permet de guetter en douce si tout se passe bien !).  Il faut aussi que je surveille le rôti… ça ce n’est pas gagné !! Mais on sait très bien que les femmes peuvent faire plusieurs choses à la fois !! Restons positifs.

  La première séance s’est bien déroulée, dépiquage impeccable, compression, et j’applique le bandage. Nous sommes fiers de notre exploit. Je pousse un gros OUF ! Rebelote demain.

  Les séances se déroulent les unes après les autres, avec des jours où tout va bien et d’autres où cela se complique quand la machine tombe en panne et que nous n’arrivons pas à joindre le service technique par exemple (généralement le samedi !), ou que les poches de dialysat se percent et inondent la pièce.    Tout cela n’entame pas notre complicité et nous essayons de franchir tous ces obstacles ensemble, calmement, en restant optimistes et volontaires.

 

 

 

 

                                                                      

  Hélas, à la mi-juin la FAV (fistule artérioveineuse) présente un débit trop élevé et « vole » ainsi la circulation sanguine de l’avant-bras. La main de Frédéric n’est plus irriguée et le fait souffrir. Retour au bloc opératoire de chirurgie vasculaire le 10 juillet pour création d’une nouvelle fistule sur l’avant-bras. En attendant qu’elle soit opérationnelle, on continue à utiliser la précédente dont les vaisseaux sont de plus en plus fuyants, et à plusieurs reprises, Frédéric doit être pris en charge par l’ALTIR en urgence car l’hémodialyse à domicile devient trop compliquée. 

  Enfin, en septembre, le Chir. vasculaire donne son feu vert pour utiliser le nouvel abord. Quelques séances d’éducation pour le piquage sur cette nouvelle FAV nous sont dispensées, et c’est toujours avec beaucoup de motivation que nous reprenons nos séances à la maison…

  Hélas, tout se complique encore une fois. L’épuisement et le stress dûs sans doute aux vicissitudes subies depuis de nombreux mois mettent à mal mon corps vieillissant.  Alors que tout se passe bien lors de ma présence à l’ALTIR, il n’en va pas de même à la maison : sans doute parce que j’appréhende le piquage, je n’arrive plus à maintenir correctement la fistule en place, et évidemment les ponctions deviennent catastrophiques. Pourtant, Frédéric ne se plaint jamais, allant jusqu’à recommencer 4 fois de suite son piquage…… Alors, je dis STOP…

   C’est le retour à l’ALTIR.  Nous encaissons mal cet échec, malgré la gentillesse du personnel qui nous rassure et nous félicite d’avoir tout tenter. C’est un grand merci que nous leur devons pour leur professionnalisme, leur prévenance et surtout leur patience.

   Frédéric va se tourner vers l’auto-dialyse. Je sais qu’il le fait aussi pour moi. Cependant dans notre esprit, il subsiste toujours un petit espoir : celui d’essayer et de réessayer encore la dialyse à la maison, espérant qu’après cette trêve je serai en forme et qu’une nouvelle façon d’aborder les vaisseaux sera trouvée afin d’abolir la torture des ponctions veineuses !   Ne ditons-pas que l’espoir fait vivre……

          

.

HEMODIALYSE QUAND TU NOUS TIENS !

 

Elle est là qui m’attend
Cette drôle de machine
Pour me sucer le sang
L’avaler et le recracher dans ses tuyaux
Elle ne s’appelle pas « Micheline »
Je ne suis pas cheminot.
 
Chaque jour, nous avons rendez-vous
Je lui donne mon bras
Pour aller on ne sait où
Dans mon trip, loin là-bas.
 
Parfois, Elle rugit d’impatience
Révélant mon inexpérience
Sur son clavier mes doigts la caresse
Et Elle se calme l’exigeante maîtresse.
 
Ma femme parfois la jalouse
Celle qui n’a rien d’une belle Andalouse
Car Elle nous vole trop de temps
A nous qui nous aimons tant.
 
Après des heures de complicité
Elle consent à me libérer
Mon corps allégé et tout neuf
Est prêt à faire la « teuf ».
 
La balance me rappellera à l’ordre
Pas question d’entrer dans le désordre !
Alors, à demain ma belle Physidia
Je sais que tu m’attendras.
        
      Tel est maintenant mon destin
      Puisque le « crabe » a mangé mes reins !
 
 
 
 

 

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14 octobre 2020 3 14 /10 /octobre /2020 10:22

Le département de la Meuse a lancé un défi aux Meusiens : proposer des projets réalisables et qui seront en partie financés par le Département s'ils recueillent un maximum de votes de la part des citoyens meusiens et/ou qui ont une attache en Meuse (famille, association, résidence secondaire, etc.…).

Il convient de voter pour 3 projets minimum et 10 au maximum sur les 159 projets retenus par le Département. Vous pouvez le faire sur jeparticipe.meuse.fr ou dans les Mairies meusiennes. Le catalogue des idées est disponible à la fois sur le site internet et en Mairie.

Je vous invite à voter en priorité pour l'idée 233 qui concerne mon village de SAUVIGNY. Merci

CLIQUER SUR LA VIDEO ROUGE "Attention danger"

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5 novembre 2019 2 05 /11 /novembre /2019 10:11

    Ce matin, devant mon miroir, je m’accorde un long moment  beauté pour recevoir mes petits-enfants. Chacune de leur venue est jour de fête, et je tiens à leur faire honneur . Après avoir saupoudré mes joues de rose, allongé mes cils au mascara, voilà le moment de poser « la cerise sur le gâteau » (pour ne pas dire la gâteuse) !

     Je ne sais pas pourquoi j’ai choisi ce tube de rouge à lèvres dans la boutique. Sans doute son look moderne, sa couleur rouge vif qui va ranimer mon visage déjà un peu flétri.

    Ma main tremblante s’efforce de contenir tout débordement sur ma lèvre supérieure, amincie par les ans. C’est quand même plus facile sur la lèvre inférieure ! Puis petit exercice facial : je  frotte mes babines l’une contre l’autre pour bien étaler cette pâte onctueuse, et là ……

     Une senteur fraîche et sucrée envahit mes narines. Je ne peux empêcher ma langue de venir lécher ce « bonbon » à sa portée. Un goût de framboise se répand dans ma bouche. Un délice que je savoure les yeux fermés. Alors les souvenirs affluent, m’emportent si loin derrière moi.

Printemps 1952 – Dans quelques mois j’allais avoir quatre ans et j’avais l’impression de ne pas grandir assez vite. Ma sœur aînée avait neuf ans et je voulais déjà être comme elle et même la dépasser pour ressembler très vite à ma maman. Elle était  si belle avec ses boucles noires de jais qui tombaient sur ses épaules, comme ces belles andalouses dont elle admirait les photos dans ses revues féminines. A cette époque, j’ignorais encore que c’était cette beauté brune qui avait plu à mon papa,  sa grâce distinguée de fille de la ville achevant de le séduire.

      Pour essayer de me grandir un peu, j’empruntais très souvent ses chaussures à talons, et me lançais dans une expédition scabreuse à travers la maison. Mais gare à ne pas croiser mon père qui n’admettait pas ce genre de fantaisies de la part de ses filles.

     Cependant, ces péripéties ne comblaient pas  mon envie d’être une grande. Alors ….

     Un jour maman dû aller en ville auprès de ma grand-mère qui était  souffrante. Elle s’y rendait en bus et serait donc absente une bonne partie de la journée.

     Tapie dans l’encoignure de la porte de la chambre à coucher de mes parents, j’ouvrais grand les yeux pour épier ma mère qui se préparait.  Après avoir revêtue une jolie robe à fleurs, elle coiffait lentement ses longs cheveux. D’un petit geste délicat, elle déposa quelques gouttes d’eau de Cologne au creux de son cou. Elle ouvrit ensuite la porte de l’armoire à glace et j’aperçus, depuis ma cachette, le reflet entier de sa silhouette dans le miroir. Comme elle était jolie !

Elle sortit une boite à chaussures  du meuble  : le coffre aux trésors dont je rêvais de découvrir les secrets. Je me hissai en vain  sur la pointe des pieds mais ne réussis pas à voir l’intérieur de cet écrin.

     Mais qu’est-ce que maman tenait dans sa main ? On aurait dit un tube, une craie comme celle que ma grande sœur utilisait sur son ardoise.  Ma mère posa ce bâton sur sa bouche et l’agita de gauche à droite, en haut, en bas et ses lèvres devinrent toutes rouges. Je restai bouche bée devant cette couleur qui égayait plus encore son visage.

     C’est donc comme cela que l’on devient jolie quand on est grande ? Juste avec ce gros crayon de couleurs ? Ce ne devait pas être si difficile. Les idées se bousculaient dans ma petite tête et j’échafaudais déjà un plan pour essayer d’être bientôt moi aussi une demoiselle.

     Soudain maman s’agita, regarda sa montre et m’appela :

- Lélette, où es-tu ? Je dois me dépêcher sinon je vais rater mon bus. Je vais voir grand-mère. Papa bricole dans son atelier et si tu as besoin de quelque chose tu l’appelles. Tu dois être sage, je compte sur toi, tu es grande maintenant.

     Après ses recommandations, un baiser parfumé rempli de tendresse, elle s’éclipsa et me laissa plantée là au seuil de la chambre à coucher. Dans sa précipitation, elle avait oublié de ranger la boite aux trésors.

     Je m’approchai timidement, hésitai quelques secondes, et découvris au fond du carton : poudriers, crayon à sourcils, pince à épiler, pinceaux (pourtant maman ne savait pas dessiner !), et bien sûr plusieurs tubes de rouge à lèvres.

     Ma petite main potelée et maladroite se saisit d’un tube, puis d’un autre et se mit à essayer sur la glace de l’armoire  le rose, puis le grenat et enfin le rouge vif… C’était celui-là, oui celui-là dont elle se servait si souvent. Je  commençai alors à peindre ma bouche comme je l’avais vu faire par ma mère. Ouah ! c’était fabuleux, j’avais l’impression d’être une princesse. En tant que « persona grata » je fus donc dans l’obligeance de continuer à embellir mon visage. Blush, poudre, crayon noir, coloraient mes joues, mes yeux et même mes oreilles. Je m’amusais et m’admirais, semant au passage quelques dégâts sur le couvre-lit de mes parents.

     L’euphorie fut hélas de courte durée. Mon père, inquiet de mon silence, et après m’avoir vainement appelée, rentra dans la maison et découvrit « la catastrophe ». Bien qu’il fut un bon père, la colère le saisit et je dû subir un « savon » mémorable …. Le mot n’est pas trop fort ! Il m’empoigna alors par les bras et avec toute la force qui l’habitait m’assit sur la table de la cuisine. Sous l’évier, il prit la cuvette, l’emplit d’eau glacée et le gant de toilette qui servait à toute la famille pour ses ablutions. Sans salle de bains et avec une famille nombreuse, on se devait de faire des économies. Pour ma part, aujourd’hui, je n’utilise plus de gant de toilette !

     Il me semble ressentir encore la brûlure de la friction qu’ imposa mon père à mon visage et à mes mains, tout en maugréant des mots que je ne comprenais pas : « du rouge… du rouge à lèvres… regarde-moi ça,  on dirait une poule !»

     A ce moment-là ma mère revint de sa visite à grand-maman. En me découvrant aux prises avec mon père qui s’escrimait à faire disparaître toute trace de ma bêtise, elle éclata de rire pendant que je pleurnichais et répétais, entre deux hoquets : « rouge poupoule, rouge poupoule ».

     Est-ce le souvenir de  l’embrasement de mes joues qui me ramène à la réalité ? Ne serait-ce pas plutôt celui  du rire cristallin de ma mère résonnant encore à mes oreilles et se mêlant à celui qui monte de ma gorge lorsque j’ouvre les yeux ?

     Dans mon miroir, je viens de découvrir un long trait rouge qui barre ma joue !

     Comme la première fois, ma main a ….. dérapé !

                                                                                     surprise

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18 juin 2019 2 18 /06 /juin /2019 17:48

 

Ce matin-là, au coin du Presbytère, il s’est arrêté. Figé par la stupeur, il regarde son complice gisant à terre. Il s’avance vers lui à grandes enjambées, et ne fait que répéter : « Ils l’ont tué, ils l’ont tué ! ». Cherchant désespérément du regard autour de lui, il ne fait qu’apercevoir le mur de l’ancien cimetière qui commence à perdre ses vieilles pierres. La tristesse qui l’envahit n’a d’égal que le paysage qui s’offre à lui. La lame acérée de la douleur lui transperce le cœur. Appuyé sur sa canne, le vieil homme veut rester debout, ne pas tomber à terre comme son ami couché là, sur la place de l’église.

 

 Pour chasser ces images insupportables, il se met à lui parler comme il l’a toujours fait :

 

   « Tu te souviens ? Moi, oui. La première fois que je t’ai vu, j’avais à peine 5 ans, c’était au printemps.

Notre institutrice avait décidé d’emmener la classe sur le plateau d’Ecrouves. Quelle aventure pour le gamin que j’étais !      Je n’avais jamais quitté la rue Haute, sauf pour suivre papa aux «Narinvaux» à la cueillette des mirabelles. En passant par ici… je t’ai vu. Tu étais déjà si grand, et moi si petit. Je t’ai aimé tout de suite. Jamais je n’avais vu quelque chose d’aussi beau. Tu lançais tes longues branches vers le ciel, tu étais tout simplement « géant ».

 

A partir de ce jour-là, je n’avais qu’une hâte : venir t’admirer, essayer d’entourer ton tronc de mes bras, et chaque année qui passait voyait grandir mon étreinte.

 

Avec les copains, tu es devenu notre refuge secret. Chaque fois que nous le pouvions, nous grimpions dans tes branches touffues pour nous y cacher ou cueillir tes fleurs qui embaumaient et faisaient le bonheur de nos mères toujours prêtes à servir leur fameuse tisane.

 

Toute ma vie est inscrite dans les rides de ton bois.

 

Parfois, le dimanche après-midi, nous escaladions le plateau avec ma mère et ses amies pour redescendre de l’autre côté,  au Val des Nonnes où une guinguette faisait valser les amateurs de bal musette. Un peu oublié parmi toutes ces guiboles agitées, je décidai un jour de rebrousser chemin tout seul, mais je me suis égaré. Bien fait pour mon esprit rebelle ! J’ai erré longtemps, le visage couvert de larmes, cherchant un repère dans cette vaste étendue qui s’étalait au pied de la colline. Et, je t’ai aperçu. Je t’aurais reconnu entre mille, toi si majestueux, dépassant de loin le clocher de Notre-Dame. J’ai alors dévalé la « grimpette » à toutes jambes pour venir me réfugier dans tes longs bras.

 

Il y a aussi ce soir où la colère de mon père m’a tant effrayé que j’ai fait mon baluchon et, la nuit venue, ma première fugue m’a conduit vers toi. Mais le pauvre gosse de dix ans que j’étais n’a pas résisté plus d’une heure aux hululements étranges de la chouette et au bruissement des feuillages. A l’aventure j’ai vite préféré le doux nid de mon lit !

 

Pourtant, chaque instant passé à tes côtés me remplissait de joie. Tu étais mon havre de paix. La vie à la maison n’était pas toujours facile et, en tant qu’aîné, je me devais d’aider mon père qui travaillait dur pour nourrir sa grande famille. Le ramassage des « patates » n’avait plus de secret pour moi, et la récompense suprême que m’accordait mon père en m’emmenant à la pêche à l’Ingressin, reste à jamais un souvenir de moments intimes trop rares.

 

Les années ont passé et je t’ai raconté chaque évènement : ma joie d’être reçu au Certificat d’Etudes avec mention à l’âge de douze ans ;  mon entrée au Collège de Toul où les journées étaient longues car je m’y rendais souvent  à pieds ou par le « Thiaucourt ». Sous sa cuirasse de fer, mon père cachait un cœur tendre. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’il me dit « En sortant du collège, demain, tu iras chez Morel à Toul, je t’ai acheté un vélo ! ». Une bicyclette toute neuve, avec de gros pneus ballons. Bien sûr depuis longtemps je m’exerçais sur le seul vélo que possédait la famille : celui de mon père. Après la corvée de nettoyage de  ses brodequins, je sortais l’engin et essayais de rouler, d’abord en trottinette debout  sur la même pédale, puis plus tard chaque pied sur une  pédale, une jambe passant dessous le cadre de cette trop grande bécane. Alors, MA bicyclette je voulais te la montrer en priorité. J’ai grimpé la rude côte de l’église en pédalant de toutes mes forces et c’est tout essoufflé mais si fier que je l’ai posée délicatement contre toi.

 

Je n’avais plus assez de temps à te consacrer. Aussi, je savourais tous les   moments où je pouvais encore t’approcher, mon ami. La préparation de ma première communion était un de ceux-là. L’église était froide cet hiver mais te sentir tout près me réchauffait. Tu avais perdu tes feuilles, pourtant tu étais  toujours aussi magnifique, avec seulement tes branches luisantes de givre.

 

As-tu compté tous les paroissiens que tu as vus passer ?  Pour les messes, les baptêmes, les communions, les mariages, les enterrements… que de vies ont défilé devant toi. Ont-ils seulement fait attention à toi, ces gens-là ?

 

Je suis devenu un homme, mais toujours si minuscule à côté de toi.

 

Grâce à mon vélo, j’ai rencontré ma promise. Notre première promenade en amoureux a été de venir te saluer. Je revois son visage stupéfait en te découvrant, elle qui venait de la ville où le béton avait commencé à remplacer les  arbres. Nous avons tatoué nos initiales sur ton écorce. Ce geste réticent me coûtait mais je voulais tellement faire plaisir à ma dulcinée !  Comme Philémon et Baucis, rien ne nous a séparé et jusqu’à hier, je pouvais admirer cette gravure, gage de notre mariage qui dure encore. Même la guerre et tout son cortège de malheurs n’avait pas réussi à nous séparer, toi, elle et moi.

 

Comment oublier ces moments d’atrocité. Deux fois, j’ai échappé à la mobilisation à cause de… mes yeux de « miraud ». La troisième fois, mon père m’a empêché de partir à la guerre arguant que la France avait besoin de bras. Je me suis retrouvé travaillant à l’usine, fabriquant des obus, dans une ambiance d’enfer, courant dans le sable bouillant où reposaient les pièces en fonte incandescentes, la poitrine nue, la peau couverte de crasse et de sueur, le bas du pantalon dévoré par les flammèches. A dix-neuf ans, mes rêves d’uniforme s’étaient envolés.

 

Quel avenir pouvais-je espérer dans cette usine ? J’entrai donc aux Chemins de Fer en janvier 1940, et je commençai ma nouvelle carrière de cheminot par les tâches les plus ingrates : déchargement des wagons, nettoyage du foyer des machines. Mon expérience à l’usine m’avait forgé une volonté et des muscles d’acier, et rien ne me rebutait. Remarqué par mes supérieurs, je fus alors formé pour devenir chauffeur de machine. Quelle fierté de conduire une loco à travers la campagne, même si les wagons ne transportaient que de la ferraille !

 

Hélas, quelques mois plus tard, alors que la « drôle de guerre » n’avait fait que nous effleurer par le va et vient  d’avions allemands, nous allions à notre tour connaitre notre « baptême du feu ». L’ennemi était entré en Belgique et les bombes pleuvaient sur le nord de la France. Les trajets que j’effectuais avec mon train devenaient de plus en plus dangereux. Les bombardements s’intensifiaient au fil des jours. Un après-midi, alors que nous préparions notre machine, le mécanicien et moi n’avons pas eu le temps de courir aux abris. A plat ventre sous la motrice, nous avons vu les « Stukas » piquer vers le dépôt et lâcher leurs explosifs dans un fracas épouvantable. Le ballast avait explosé et le rail se dressait à la verticale au bord d’un énorme cratère.

 

Ce fut ensuite la grande pagaille, la fuite des civils embouteillant les routes, ne sachant où aller pour trouver refuge, les militaires effarés marchant en désordre et colportant des bruits sur l’avancement des ennemis et leur barbarie. Notre mère aussi avait décidé de quitter notre maison pour mettre à l’abri mes frères et sœurs. Son voyage ne l’a menée qu’au bout de la rue, le pillage des maisons abandonnées perpétré par ceux qui restaient au village l’a vite dissuadée de continuer son chemin.

 

Souvent, notre église servait d’abri à ceux qui  fuyaient la guerre. Impies ou croyants, ils confiaient leur vie à ce dieu qui laissait les hommes se détruire entre eux. Chaque fois que je l’ai pu, je me suis efforcé d’apporter du réconfort et surtout de la nourriture à ces « réfugiés ». Dans chaque coin du pays, des familles avaient  dû abandonner tous leurs biens, plongeant dans l’angoisse leurs proches qui ne recevaient plus de leurs nouvelles. La peur d’avoir perdu mon aimée me tenaillait.  Mes obligations de conduire ma loco dans une zone protégée, m’avaient éloigné d’elle et  je ne savais pas si j’allais la retrouver. Où était-elle cachée, était-elle encore vivante ? Nous avions forgé tant de projets. Le destin allait-il détruire également nos rêves ?

 

 Je tremblais de peur en entendant les avions volant en « rase-motte » au-dessus de notre sanctuaire, et surtout je pensais à toi mon ami : allais-tu résister à l’éclat de ces bombes qui jalonnaient nos jours et nos nuits ? Pourtant ta présence fidèle m’a permis de garder confiance. Puisque tu étais encore debout après toute cette terreur, je me devais de le rester aussi.

 

Et nous avons bien fait d’être encore là car si la vie apporte son lot d’épreuves elle m’a réservé finalement de nombreux moments de bonheur. D’abord celui d’épouser Martine, ma fiancée,  qui m’a attendu pendant que je me joignais aux maquisards. Entre deux feux de l’ennemi, nous avons réussi à convoler dans une noce simple mais remplie de joies. Moment précieux où plus rien ne comptait que notre amour. L’étincelante lumière qui brillait dans nos yeux effaçait l’horreur et le désespoir qui régnaient autour de nous.

 

Nos deux premières filles sont arrivées, à un an d’intervalle, dès l’année suivante. Ma Martine a alors assuré son rôle de mère comme un « père », trop occupé que j’étais par le conflit et mon travail. Qui eut cru que ce petit bout de femme ait une telle force de caractère !

 

Heureusement, l’ennemi a fini par capituler et cette méchante guerre a pris fin après plus de six ans de souffrances. Enfin la renaissance pour tous et, pour nous, un bonheur supplémentaire : un fils venu compléter notre famille en 1946, le petit prince tant attendu par son père.

 

J’ai dû mettre les bouchées doubles  pour contenter ma tribu et lui apporter le confort qu’elle méritait. Après ma journée dans mon train, et mes soirées aux champs, je devenais maçon, plombier, électricien, carreleur pour retaper la vieille maison qui allait devenir notre nid familial. Rien n’était trop beau pour ceux que j’aimais. Pas question de baisser les bras ! Trois filles et un gars en cinq ans, ça donne à réfléchir  puisque qu’il y aurait bientôt six bouches à nourrir,   une benjamine étant annoncée pour l’été 48 ! Or, à l’époque mes muscles agissaient plus vite que mon cerveau, et c’est tant mieux car mon « âme de bâtisseur » m’a permis d’offrir aux miens une vie confortable  que beaucoup m’ont enviée.

 

Lorsque notre aînée eut douze ans, un nouveau miracle se produisit : un petit frère pointa son nez, un peu jalousé par notre benjamine qui se voyait voler sa place, après sept ans de câlineries ! Bien sûr, je trimais toujours comme un forcené mais la satisfaction du travail accompli m’a toujours guidé et j’y trouvais mon compte.

 

Puis, petit à petit, mes oisillons ont quitté le nid, après une adolescence plus ou moins tranquille. J’étais heureux quand je conduisais mes filles à l’autel pour leur mariage. Si belles  dans leur robe immaculée, après la cérémonie, elles posaient avec leur nouvel époux sous ton feuillage pour la photo traditionnelle. Mes yeux usés ne se lassent pas de revoir ces images jaunis où tu trône en maître.

 

Hélas, le deuil nous a frappés à plusieurs reprises. La grande faucheuse nous a enlevé  tour à tour des êtres si chers : mon père disparu tragiquement, un frère mort en héros, une belle-fille rongée par la maladie, et un petit-fils qui n’avait pas, lui non plus, demandé à nous quitter si vite. Comment l’être humain peut-il résister à tant d’adversité et supporter tant de blessures, si ce n’est pour mieux goûter les bonheurs à venir.

 

Notre maison n’est plus assez grande pour accueillir la nichée de petits que les enfants nous ont faits et qui égaient nos vieux jours. Comme une revanche sur la vie, nous avons occupé notre retraite par des voyages, de joyeux repas de famille, des discussions entre amis, et mon chemin vers toi ! …..   Mais, là, aujourd’hui …… »

 

S’approchant encore, il s’est penché et a posé sa main tremblante sur la peau ridée du vieil arbre, mêlant ses larmes à la sève qui continue de s’échapper dans un dernier sursaut.

 

« Adieu, mon ami, mon confident. Tu n’as pas choisi de mourir aujourd’hui, et pourtant tu me quittes. Rien ne sera plus comme avant ! »

 

Il a tourné le dos pour ne plus voir ce spectacle affligeant et s’en est allé un peu plus lent, un peu plus courbé sous le poids du chagrin.

 

Plus rien n’a été comme avant : le temps a usé son corps vieillissant et son esprit s’est envolé parfois, laissant des trous béants dans sa mémoire. Il a perdu la seule femme qu’il n’ait jamais aimée et même la tendresse de ses enfants n’a pas suffi à le consoler. Il a glissé doucement dans un sommeil éternel, et a disparu par-delà les nuages, apaisé.

           

Je me plais à  l’imaginer, blotti avec sa chérie  sur la plus haute branche de son vieux tilleul, observant le monde  sous ses pieds, commentant l’absurdité et la bêtise abyssale d’une bonne moitié de l’humanité qui continue à se battre pour des chimères, montrant une fois de plus son caractère déterminé,  content de partager encore  ses réflexions avec son ami de toujours.

 

Je le sais,  car cet homme-là je l’ai bien connu, c’était….. mon père !

 

&

Ce texte se veut un hommage à notre Papa disparu le 20 juin 2014 et m'a été inspiré par les souvenirs qu'il nous a laissés

                                                                                                                       Colette le 18 juin 2019

 

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18 juin 2019 2 18 /06 /juin /2019 17:33

Que sera notre terre demain

Si vous refusez de vous tendre la main.

De génération en génération

Ce n’est que guerre et rébellion

Après les tranchées et les bombes

L’homme a décidé de refaire le monde !

Il a découvert d’autres ruses et tactiques :

Et abuse de  la guerre économique !

Alors que la courbe de la bourse s’affole

Certains s’en mettent plein les poches et rigolent

De nos gentils étudiants,

On fait des futurs mendiants

Nos courageux travailleurs

Deviendront des chômeurs

Nos retraités qui ont tant trimé

N’ont plus que les yeux pour pleurer !

Voilà le monde promis pour demain

Il a déjà  commencé aujourd’hui

Car vous ne savez pas dire OUI

A la paix, à l’amour, et tendre la main.

Vous avez voulu des enfants heureux

Alors, soyez responsables et généreux…..

                              Tout simplement

                               Des parents !

                                                                                                                      Colette - 18 juin 2019

                                                                                                      (c'est l'appel.... à ma façon)

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4 août 2018 6 04 /08 /août /2018 16:16

 

Dans la pénombre mon esprit s’égare,

Quand s’éloigne le jour, vient le soir

Seul dans le noir, rattrapé par l’ennui

Triste  compagnon de mes insomnies

 

Je suis comme le somnambule

En équilibre sur son fil

Dans le désert, mon âme déambule

Amère et si fragile

                                                                         Vivre ou mourir                    

                                                                        Je ne peux choisir                 

                                                                        Je veux juste oublier le passé

                                                                        Ne pas voir l’avenir…. venir 

Le corps couvert de bleus

Le dos courbé comme un vieux

Je ne veux plus attendre en silence

La punition, la sentence

 

Pourquoi ce mal dans ma peau

Suis-je donc celui de trop ?

Je veux hurler ma souffrance

Et sortir de cette putain d’enfance.

                                                                         Vivre ou mourir                                                                                                                           Je ne peux choisir

                                                                        Je veux juste oublier le passé

                                                                       Ne pas voir l’avenir…. venir

Qui me guérira de  mes peurs

Me sortira de cette sordide torpeur

Déchiré, mon cœur est en prison

Les promesses ne sont-elles qu’illusion ?

 

Je voudrais cracher la rage qui m’habite

Comme on crache ses tripes

Avant qu’elle ne devienne

Incommensurable  haine

                                                                       Vivre ou mourir

                                                                       Je ne peux choisir

                                                                       Je veux juste oublier le passé

                                                                      Ne pas voir l’avenir…. venir

Comment pouvoir changer le monde

Ne plus voir ces choses immondes

Qui détruisent tout

 Dans ce monde de fous


Je ne sais plus qui je suis

Mais je ne veux pas être celui

Que tu voudrais que je sois

Je veux simplement être MOI.

 

Et puis un jour devenir

Celui qui regardera l’avenir

Sans rancune, sans amertume

Léger comme une plume.

                                                                  Vivre ou mourir

                                                                 Aujourd’hui,  j’ai choisi

                                                                Je veux juste être moi-même

                                                                Je veux juste qu’on m’aime

 

Colette Octobre 2017

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4 août 2018 6 04 /08 /août /2018 15:25

Un sage m’a dit :

 

On aime les autres pour ce qu’ils sont

Et non pour ce qu’ils font.

 

Moi, je t’aime pour ce que tu es

Que tu sois beau, que tu sois laid

Que tu sois petit ou grand

Gentil ou (parfois) méchant.

 

Moi, je  t’aime pour ce que tu es

 

Que tu sois intelligent ou bête

Taciturne ou faisant la fête

Muet ou bavard

Joyeux ou enfermé dans ton cafard.

 

Moi, je t’aime pour ce que tu es

 

Habile  ou maladroit

Et alors ?  Toi c’est  TOI.

Hétéro ou homo

Qu’importe, ce ne sont que des mots.

L’important est de trouver le bonheur

Là où te guidera ton cœur.

 

Tes  rêves t’appartiennent

Ne laisse personne te les voler

Fais en sorte de les réaliser.

Pour que ta vie soit celle

Que tu auras désirée.

 

La vie est une chance, saisis la et savoure-la.
C’est souvent un défi, fais-lui face,

Quand elle est tristesse, surmonte-la
Et lorsqu’elle devient un jeu, éclate-toi.

 

Hier ne ressemble jamais à demain

Alors, profites de l’instant qui passe

Vas, suis ton chemin

Car je suis sûre que tu y laisseras de belles traces.

 

Si penser à hier te donne du chagrin

Si tu as peur de penser à demain

Alors, pense à  moi…

Je serai toujours là pour toi,

 

 

                                                                                                        Colette Octobre 2017

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8 juillet 2017 6 08 /07 /juillet /2017 18:02

Lectrice assidue pour les élèves du Groupe scolaire de mon coin, je suis devenue au fil des années "metteur en scène" pour les plus grands, les C.M.2 qui se prêtent volontiers au jeu et apprécie beaucoup cette activité.

Cette année restera unique car ils ont pu se produire en public, pour la plus grande joie de leurs parents, des enseignants, des autres élèves et ma grande fierté est de les avoir mener jusque là.

Les au-revoir ont été difficiles hier, car à la rentrée prochaine ils franchiront l'étape de l'entrée au Collège et je ne les reverrai plus. Même si ce bénévolat me demande beaucoup d'investissement, car de la création à la représentation, j'assume tout (scénettes, mise en scène, costumes, décors, accessoires), la récompense est à la hauteur de mes efforts. Comment ne pas fondre de plaisir quand des ados vous disent : "On t'aime très fort, on ne t'oubliera jamais" !

Pour les remercier à ma façon, je leur ai fait une poésie qui retrace leurs exploits sur scène.

 

Cette année-là

 

Il y avait tant de Léa, Clara ou Emma

Que parfois, je ne m’y reconnaissais pas.

Alors pour ne plus me tromper,

J’ai décidé de leur donner un nom et un rôle à jouer.

 

      

                La voyante un peu "miro"

 

                 Il y a Irma, euh…Emma la voyante

                 Qui veut arnaquer l’élégante Adélaïde, sa cliente.

                                               Hélas pour elle et le redoutable fantôme Chloé,

                                               Elles n’ont rien trouvé dans le porte-monnaie !

 

 

SOS Terriens en détresse

 

Avez-vous entendu Tom et Jerry ?

Pardon…. Je voulais  dire Jaimy !

Avec Soizic, ils calment  tous les maux.

Il suffit  de leur  dire : « Allo » !

 

Rencontres express pour Roméo et Juliette

Pour trouver l’élue de son cœur,

Rien de mieux que 5 rendez-vous à l’heure !

Menés de main de maître

Par la sérieuse Lucyle et son chronomètre.

Notre beau Roméo-Anatole

En rencontre  de très drôles :

 

D’abord Clara, la Belle au bois dormant

Qui cherche, entre deux sommes, son Prince charmant.

 

Puis c’est la jolie Léa-Barbie, charmante demoiselle

Toute de rose vêtue, un peu coincée, mais…. Superbelle !

 

Oh ! Quelle est cette Léa habillée en souillon ?

Princesse du balai et de la chiffonnette

Elle veut que tout soit propre et net

Normal : elle s’appelle Cendrillon.

 

 

La timide Clara, s’est d’un coup transformée

En Blanche-Neige  fidèle à ses petits nains

Qu’elle ne veut pas abandonner

Même pour un Prince qui demanderait sa main.

 

Hélas, mon pauvre Roméo

Tout cela est bien beau.

Mais quand vas-tu enfin trouver

Celle que tu ne cesses d’espérer ?

 

Rassure-toi, le ciel est toujours bleu après la tempête,

Voici, venue de Vérone et rêvant sur son balcon,

Celle que tu attends,  c’est elle, ….  c’est Juliette.

Ah ! Non c’est …………….     Marion.

 

Voulez-vous de mon gâteau

            Quand Lyloo partage,

            Elle n’est pas toujours sage.

            Heureusement, Emma sait se contenter

            De la part qu’on veut bien lui donner.

            Confiture  ou marmelade

            La jalousie peut rendre malade !

 

C'est quoi un ado ?

Tiens ! Clara s’est réveillée

Juste pour révéler les mystères et les secrets

Des ados d’aujourd’hui

Que connaît bien aussi la pétulante Taïssy.

Casquettes vissées sur la tête

Elles sont vraiment très chouettes.

 

Que de moments remplis d’émotions

Avec vous les filles et les garçons.

                 Parfois dissipés mais toujours intéressés,

        Je ne suis pas prête de vous oublier

 

Cette année unique et magique

                          Forgera de beaux souvenirs dans votre tête

Et vous pourrez dire : « C’était l’année 2017 ».

 

 

Colette – Juillet 2017

 

 

 

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8 décembre 2016 4 08 /12 /décembre /2016 15:23

 

   Il était une fois un Papa Blanc et une Maman Noire qui vivaient dans un lointain pays d’Afrique. Papa était médecin et il était venu de France pour soigner les enfants dans ce grand hôpital où travaillait Maman Noire. Ils étaient tombé amoureux l’un de l’autre et avaient décidé de se marier et d’avoir beaucoup d’enfants.

 

Hélas, maman travaillait beaucoup et le premier bébé tant attendu n’arrivait pas. Mais un jour, elle alla voir le médecin spécialiste des naissances, car elle ne se sentait pas très bien. Le médecin lui annonça alors une merveilleuse nouvelle : elle aurait bientôt des jumeaux !

Quelques mois plus tard, le jour était arrivé pour les enfants de pointer leur nez.

Un premier petit garçon vint au monde. Il était noir comme  l’ébène, avait la peau douce comme maman et semblait très gentil. Papa dit :

-  Nous l’appellerons Cola, car il ressemble vraiment à du chocolat ! »

- Oui, dit maman, mais il a quand même du sang blanc qui coule dans ses veines !

- Alors ce sera Mikola répondit papa.

Aussitôt après apparut son petit frère qui, lui, était aussi blanc et rouquin que son papa. Il faisait une affreuse grimace et poussait des cris incroyables, comme s’il n’avait pas voulu quitter le ventre de maman.

- Celui-là dit papa, on dirait qu’il est vraiment en colère !

- Alors, répondit maman,  il s’appellera Mikoler !

 

 

 

 

Mikola était un bébé extraordinaire, très calme, souriant à tout le monde, buvant son biberon en entier, tandis que Mikoler pleurait beaucoup, recrachait son lait et cognait partout avec ses petits poings.

Les années passaient très vite, Maman avait beaucoup de travail pour surveiller ses deux petits, mais tandis que Mikoler était capricieux,  Mikola lui aimait se blottir dans les bras de maman pour de gros câlins.  

Heureusement, Papa réussissait à maîtriser les colères de Mikoler qui en grandissant, s’intéressait de plus en plus au bricolage de Papa.

      Les deux jumeaux durent bientôt prendre le chemin de l’école car ils avaient maintenant 5 ans. Tout de suite, la maîtresse s’aperçut de la différence qui existait entre les deux frères. Mikola était sage et attentif, apprenait à lire et à écrire très vite. Mikoler quant à lui n’écoutait rien, était toujours dans la lune et répondait très mal à l’institutrice. Il ne se plaisait pas à l’école et préférait la récréation où il pouvait courir et grimper aux arbres. Même Mikola essayait de le raisonner et lui dire que c’était important d’apprendre à l’école.

 

 

 

       C’était difficile pour Mikoler d’être en classe avec des enfants noirs, car lui, même s’il était né en Afrique était tellement blanc. Les autres élèves noirs se moquaient souvent de lui, mais son frère Mikola le défendait toujours car il aimait énormément son jumeau. Ils grandissaient ensemble, l’un toujours calme et posé, et l’autre espiègle, prêt à toutes les bêtises. Régulièrement, Mikoler se sauvait dans la jungle toute proche pour retrouver ses amis les girafes et les éléphants. D’ailleurs, il avait noué une grande amitié avec un éléphanteau qu’il appelait Hyppolite.

      Lorsqu’il n’y avait pas classe, les jumeaux jouaient au bord de la grande rivière qui passait près de leur maison. Maman était un peu inquiète de les laisser aller au bord de l’eau, mais elle leur faisait confiance, ils savaient nager.

      Cependant, ce jour-là, ils ne devaient pas s’approcher de la rivière. En effet, il y avait eu une tempête la nuit précédente,  la rivière s’était transformée en torrent et le courant y était très fort.

       Mikola avait décidé de rester sur la terrasse de la maison avec le livre qui le passionnait… Mikoler, lui, n’avait pas envie de prendre racine à la maison et de toute façon, les livres ne l’intéressaient pas !

       Il commença alors à taper des pieds près de son frère pour attirer son attention et le forcer à le suivre dans une nouvelle aventure.

  • Allez viens Mikola, on va faire un tour à la rivière !
  • Non, tu sais bien que maman nous l’a interdit aujourd’hui, c’est trop dangereux.
  • Mais elle n’en saura rien, rétorqua Mikoler, elle en a pour un moment à faire les courses… Allez viens, tu as la frousse ou quoi ?
  • Bon, d’accord, dit Mikola, mais alors pas longtemps, et je voudrais finir mon livre.
  • Eh ! bien, prends le avec toi, je te promets de te laisser tranquille là-bas.

 

Les voilà donc partis vers la rivière qui effectivement gronde fort et fait de grosses vagues.

 

       Mikola s’assoit sur la berge, tandis que Mikoler court le long de la rivière, ramasse des cailloux et essaie de faire des ricochets dans l’eau.

       Mais la tentation de l’eau est trop forte. Alors il revient près de son frère et lui demande s’il n’a pas envie de se baigner. Oh ! non, tu vois bien qu’on ne peut pas aujourd’hui, il y a trop de courant.

Mikoler insiste, commence à se déshabiller et va tremper ses pieds nus dans l’eau glacée, mais en restant sur le bord.

      N'y tenant plus,  il finit par crier à son jumeau :

- Allez viens, tu vois bien qu’on ne craint rien… Oh ! là là ce que tu peux être trouillard !

- Non je n'ai pas envie et maman ne veut pas

Alors Mikoler s'énerve après son frère

- Dis-donc  c’est toi le sale nègre d’Afrique… tu ne devrais pas avoir peur de ta rivière ! Regardes, moi le blanc, je suis plus fort que toi.

Mikola très vexé par cette remarque finit par enlever ses vêtements et ses chaussures, et saute dans la rivière, pour montrer à son frère qu’il est aussi courageux que lui.

Seulement, la rivière elle, ne s’arrête pas pour autant, et bientôt Mikola est emporté par le courant. Il essaie en vain de nager et regagner la rive mais tous ses efforts ne servent à rien.

Mikoler se rend vite compte que son frère est en danger. Il sort rapidement de l’eau, et se met à courir à perdre haleine le long de la rivière, essayant d’apercevoir son jumeau qui continue de se débattre dans les tourbillons menaçants.

 

Mikoler a très peur et commence à parler seul :

- Pardon, pardon Mikola, je ne veux pas que tu te noies. Pardon, je ne voulais pas te traiter de sale nègre. Je t’aime mon frère. Je t’en supplie, reviens vers le bord.

Pendant que Mikola continue à se débattre dans les flots qui l’entraînent vers un barrage, Mikoler court, court et réfléchit.

Il faut que j’appelle mes amis les animaux au secours

Il sait que les girafes et les éléphants se tiennent près de la rivière pour se désaltérer.

       Il finit par arriver à l’endroit où il est sûr de les trouver, et aperçoit Hyppolite en train de boire. Il lui crie : aide-moi, aide-moi mon frère est en danger, il va se noyer.

       Alors Hyppolite rameute toute sa famille et tous les éléphants de la jungle se mettent à aspirer l’eau de la rivière.

      Les girafes qui ont entendu les cris de détresse de Mikola se sont approchées aussi de la rivière.

L’une d’elle invite Mikoler à grimper sur son long cou, et se penche sur l’eau.

      A ce moment-là Mikola arrive juste en dessous de lui. Mikoler tend la main à son frère et lui crie de la saisir. Mikola dans un sursaut désespéré prend la main de son jumeau. Ouf ! le voilà sauvé. Quelle peur ils ont eu tous les deux.

       Après avoir remercié tous les animaux, les deux frères tombent dans les bras l’un de l’autre et se promettent de ne plus se quitter, et surtout de ne plus faire de bêtises qui feraient de la peine à maman !!

       D’ailleurs, ils ne vont pas lui raconter leur aventure, elle aurait trop peur et ce sera leur secret pour la vie.

 

 

Colette et Emma

Juillet 2014

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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20 novembre 2016 7 20 /11 /novembre /2016 14:15

Mon arbre a grandi

Et nous y sommes bien assis.

Ses branches et nos bras tendus vers le Ciel

Implorent chaque jour l’ Eternel

Le supplient de nous garder dans la Foi

Pour remplir notre âme de sa Joie.

 

Mon arbre a grandi

Avec lui, je me suis enrichie

De la joie de retrouver

Celui que j’avais oublié.

Il est revenu vers moi sans rancune

Et cela vaut toutes les fortunes !

Grâce à tous les bénévoles,

Nous entendons la Bonne Parole.

Celle qui nous guide, pas à pas

Vers Celui qui est  Roi.

 

Chaque mois au Rosaire,

Nous prions Marie, notre Mère.

Ces instants de partage et de bonheur

Sont riches à notre cœur.

Nous y trouvons toute l’amitié

Que seul l’Amour de Dieu peut engendrer.

 

Mon arbre a grandi,

Mon Eglise aussi.

Merci à Dieu d’exister

Et de tant nous aimer.

                                                                              

Colette

Poème écrit à l'occasion de la fête de la Paroisse

Juin 2016

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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