4 avril 2013
4
04
/04
/avril
/2013
16:19
Dans son atelier de menuisier, Julien donne du rabot avec énergie…. Depuis déjà longtemps, il occupe sa retraite à fabriquer des jouets uniques, d’abord pour ses petits-enfants, et maintenant pour Léa son arrière-petite-fille.
Parfois même, les voisins et amis de ce sympathique papy lui donnent à réparer quelques pantins désarticulés ou camions en bois, car Julien possède en la matière un savoir-faire inégalé. Saint-Nicolas approche à grand pas, et Julien a promis à Léa une belle surprise pour cette occasion. Il a entamé la construction d’une magnifique maison de poupée, et a dû pour cela délaisser tous ses autres ouvrages.
Sur l’établi, en vis-à-vis de celui qu’il occupe, patientent sagement quelques personnages que l’on pourrait prendre pour de vulgaires morceaux de bois dont la sculpture semble inachevée. Un guignol démantibulé fait face à ce qui semble être une poupée en gestation. Une multitude de petits animaux en bois leur tiennent compagnie. Voilà un lion qui a belle figure, si ce n’est qu’il a perdu sa queue ! La pluie ou les larmes d’un enfant ont effacé les tâches de la girafe, mais l’hippopotame, à ses côtés, possède encore toutes ses dents dans sa gueule grande ouverte ! Il y a même un robot dont les yeux éteints font penser à un jouet abandonné…
Julien scie, rabote, ponce, assemble toute la journée les petites pièces qui formeront le nouveau logis de la poupée qui attend d’être réparée. Il pense déjà à la joie de Léa lorsqu’elle va découvrir ce merveilleux cadeau. Les heures passent sans qu’il s’en aperçoive, mais bientôt, la nuit tombe et il ressent la fatigue… Il est temps de rentrer à la maison car Mamie a sans doute préparé un bon repas pour le réconforter. Il éteint toutes les lampes et salue toutes ses créations d’un « soyez sages les petits, je reviens demain », avant de fermer à double tour la porte de la menuiserie.
Plus rien ne bouge dans la pénombre, la poussière est retombée, aucun bruit ne retentit plus, la scie s’est arrêtée et avec elle tout semble s’être endormi. Et pourtant……
Parfois même, les voisins et amis de ce sympathique papy lui donnent à réparer quelques pantins désarticulés ou camions en bois, car Julien possède en la matière un savoir-faire inégalé. Saint-Nicolas approche à grand pas, et Julien a promis à Léa une belle surprise pour cette occasion. Il a entamé la construction d’une magnifique maison de poupée, et a dû pour cela délaisser tous ses autres ouvrages.
Sur l’établi, en vis-à-vis de celui qu’il occupe, patientent sagement quelques personnages que l’on pourrait prendre pour de vulgaires morceaux de bois dont la sculpture semble inachevée. Un guignol démantibulé fait face à ce qui semble être une poupée en gestation. Une multitude de petits animaux en bois leur tiennent compagnie. Voilà un lion qui a belle figure, si ce n’est qu’il a perdu sa queue ! La pluie ou les larmes d’un enfant ont effacé les tâches de la girafe, mais l’hippopotame, à ses côtés, possède encore toutes ses dents dans sa gueule grande ouverte ! Il y a même un robot dont les yeux éteints font penser à un jouet abandonné…
Julien scie, rabote, ponce, assemble toute la journée les petites pièces qui formeront le nouveau logis de la poupée qui attend d’être réparée. Il pense déjà à la joie de Léa lorsqu’elle va découvrir ce merveilleux cadeau. Les heures passent sans qu’il s’en aperçoive, mais bientôt, la nuit tombe et il ressent la fatigue… Il est temps de rentrer à la maison car Mamie a sans doute préparé un bon repas pour le réconforter. Il éteint toutes les lampes et salue toutes ses créations d’un « soyez sages les petits, je reviens demain », avant de fermer à double tour la porte de la menuiserie.
Plus rien ne bouge dans la pénombre, la poussière est retombée, aucun bruit ne retentit plus, la scie s’est arrêtée et avec elle tout semble s’être endormi. Et pourtant……
La lune reflète sa lumière sur les immenses carreaux projetant des ombres étranges dans l’atelier. Mais…. en y regardant bien, ne dirait-on pas que ce sont des silhouettes ?
A l’intérieur de la pièce, règne une effervescence peu ordinaire. Soudain, le pantin désarticulé se déplie et se détend comme après un lourd sommeil. Il saute sur ses pattes et commence un périple sur l’établi, regardant tour à tour la poupée amorphe, les animaux assoupis…
Alors il décide de secouer tout ce petit monde, à commencer par cette belle blonde pour laquelle il éprouve un coup de foudre immédiat… Même sans ses bras, elle semble si douce et si câline……"Ma tendre princesse, comme tu es jolie !" Il dépose alors délicatement un baiser sur sa bouche, comme l'a fait le Prince Charmant dans la Belle au bois dormant, et le miracle s'accomplit : la belle ouvre les yeux. D’abord offusquée d’avoir été embrassée par un si laid personnage, elle réalise qu’il doit être très intelligent pour l’avoir choisie alors qu’elle ne peut même pas lui tendre la main.
Mais Pantin ne veut pas en rester là et se met à chanter à tue-tête, s’agitant dans tous les sens. Il faut dire que ses membres disloqués lui permettent toutes les contorsions possibles. Belle est subjuguée, jamais elle n’a tant ri. Son rire cristallin résonne dans cette immense pièce et finit par tirer de leur torpeur tous les jouets posés là.
A l’intérieur de la pièce, règne une effervescence peu ordinaire. Soudain, le pantin désarticulé se déplie et se détend comme après un lourd sommeil. Il saute sur ses pattes et commence un périple sur l’établi, regardant tour à tour la poupée amorphe, les animaux assoupis…
Alors il décide de secouer tout ce petit monde, à commencer par cette belle blonde pour laquelle il éprouve un coup de foudre immédiat… Même sans ses bras, elle semble si douce et si câline……"Ma tendre princesse, comme tu es jolie !" Il dépose alors délicatement un baiser sur sa bouche, comme l'a fait le Prince Charmant dans la Belle au bois dormant, et le miracle s'accomplit : la belle ouvre les yeux. D’abord offusquée d’avoir été embrassée par un si laid personnage, elle réalise qu’il doit être très intelligent pour l’avoir choisie alors qu’elle ne peut même pas lui tendre la main.
Mais Pantin ne veut pas en rester là et se met à chanter à tue-tête, s’agitant dans tous les sens. Il faut dire que ses membres disloqués lui permettent toutes les contorsions possibles. Belle est subjuguée, jamais elle n’a tant ri. Son rire cristallin résonne dans cette immense pièce et finit par tirer de leur torpeur tous les jouets posés là.
Et la fête commence : c’est à qui sautera le plus haut, se roulera le mieux dans la sciure amassée sur la paillasse de papy.
Le lion tourne en rond, cherchant vainement sa queue, rugit un peu, puis se dit que ce n’est pas si important et qu’il faut profiter de cette belle fiesta qui s’annonce.
La girafe a fini par trouver un pot de peinture et avec l’aide de Monsieur Robot entreprend de se recolorer le torse, histoire de se refaire une beauté.
Hippopotame cherche désespérément un point d’eau car ça commence à chauffer sérieusement là-dedans. Monsieur Lion vient à son secours et apercevant un seau au pied de l’établi, pousse brusquement le gros pantouflard qui vient échouer, pour son plus grand bonheur, dans deux centimètres d’eau… la remontée sera sans doute plus difficile !
Le camion de pompier a déployé sa grande échelle, tanguant dangereusement sur les trois roues qui lui restent. Qu’à cela ne tienne, le ouistiti n’a pas peur et s’improvise soldat du feu, y grimpant comme dans son arbre.
Pendant ce temps, Pantin fait la cour à Belle. Il entoure délicatement de ses bras les épaules de sa nouvelle compagne pour la protéger de tous ces farfelus qui s’agitent autour d’eux. Pas besoin de mots pour dire ce nouvel amour, leurs yeux se comprennent, et savent qu’ils ne se quitteront plus.
Personne ne s’est aperçu de leur silence, trop occupé à peaufiner les bêtises qui surprendront notre papy Julien ! Sauf peut-être Monsieur Lion qui soudain se met à hurler : « Oh ! les amoureux…. eux… ! » repris en chœur par la fine équipe pliée de rires.
Pour parfaire le tout, Ouistiti s’empare d’un bouquet de fleurs séchées que papy garde là précieusement, et vient le déposer aux pieds des tourtereaux dans une pirouette majestueuse.
Il est décidé de procéder sur le champ au mariage, et tous les invités sont conviés sur place. Le roi de la forêt va officier, mais il manque le principal témoin…. Monsieur Hippopotame baigne encore dans sa cuvette, et bien sûr, il n’y a pas d’ascenseur à l’atelier !!! Tant pis, déjà le jour se profile à l’horizon et il faut se hâter… Belle et Pantin vont bientôt couler des jours heureux sur le coin de cet établi…
Après une nuit agitée, peuplée de rêves insolites, Julien a quelque mal à gagner son atelier : sans doute l’âge, mais bon il faut y aller. Léa serait tellement déçue de ne pas recevoir son cadeau à temps. Quand il ouvre la porte, il a l’impression qu’un vent de folie a soufflé sur son atelier. Pourquoi tout parait-il avoir changé de place ? Se grattant la tête, il réfléchit :
« Il me semble pourtant avoir rangé l’atelier hier soir ? Finalement, j’aurais peut-être dû le prendre le cachet que m’a proposé Mamie ce matin… je crois bien que j’ai une bonne migraine ! »
Pendant ce temps, Pantin fait la cour à Belle. Il entoure délicatement de ses bras les épaules de sa nouvelle compagne pour la protéger de tous ces farfelus qui s’agitent autour d’eux. Pas besoin de mots pour dire ce nouvel amour, leurs yeux se comprennent, et savent qu’ils ne se quitteront plus.
Personne ne s’est aperçu de leur silence, trop occupé à peaufiner les bêtises qui surprendront notre papy Julien ! Sauf peut-être Monsieur Lion qui soudain se met à hurler : « Oh ! les amoureux…. eux… ! » repris en chœur par la fine équipe pliée de rires.
Pour parfaire le tout, Ouistiti s’empare d’un bouquet de fleurs séchées que papy garde là précieusement, et vient le déposer aux pieds des tourtereaux dans une pirouette majestueuse.
Il est décidé de procéder sur le champ au mariage, et tous les invités sont conviés sur place. Le roi de la forêt va officier, mais il manque le principal témoin…. Monsieur Hippopotame baigne encore dans sa cuvette, et bien sûr, il n’y a pas d’ascenseur à l’atelier !!! Tant pis, déjà le jour se profile à l’horizon et il faut se hâter… Belle et Pantin vont bientôt couler des jours heureux sur le coin de cet établi…
Après une nuit agitée, peuplée de rêves insolites, Julien a quelque mal à gagner son atelier : sans doute l’âge, mais bon il faut y aller. Léa serait tellement déçue de ne pas recevoir son cadeau à temps. Quand il ouvre la porte, il a l’impression qu’un vent de folie a soufflé sur son atelier. Pourquoi tout parait-il avoir changé de place ? Se grattant la tête, il réfléchit :
« Il me semble pourtant avoir rangé l’atelier hier soir ? Finalement, j’aurais peut-être dû le prendre le cachet que m’a proposé Mamie ce matin… je crois bien que j’ai une bonne migraine ! »
Colette - 2ème prix au Printemps des Poètes 2013 - section Nouvelles