Songeur, assis devant ses belles montagnes, Chris qui venait d’avoir dix ans, faisait le bilan de sa petite vie… qu’il aurait aimé voir un peu plus amusante.
Depuis sa naissance, il accumulait les déboires et Dieu sait s’il n’y était pour rien.
Son grand frère venait d’avoir deux ans, lorsque Chris fit son entrée dans ce monde. Bien sûr, son papa et sa maman l’avaient désiré, mais de grands bouleversements étaient venus gâcher quelque peu cette naissance. Le papa ayant changé de travail, un déménagement imprévu et l’éloignement dans des contrées inconnues, loin des papys et mamies, avait provoqué un sérieux baby-blues chez la maman qui avait dû quitter son poste pour suivre papa. Elle n’arrivait plus à assumer sa nouvelle vie et le petit en ressentait comme un grand vide autour de lui.
Mais, la vie reprenant le dessus, Chris devenait un bébé, puis un enfant rieur et très attachant, grâce sans doute à tout l’amour qui l’entourait, et à l’intérêt que lui portait son grand frère, Mike. D’ailleurs qui n’aurait pas fondu de tendresse devant les magnifiques yeux bleus de Chris ?
Ces deux frères-là étaient tellement différents. Autant Mike était un petit garçon sérieux, intellectuel et très réservé, autant Chris était attiré par les outils de papa, essayant de bricoler à son tour, avide de réitérer les « 400 coups » dont il avait entendu parler !
Lorsque vint le temps de se servir seul de sa cuillère ou de son premier crayon, les Dawson s’aperçurent vite que Chris serait gaucher… Point de drame, laissant faire la nature, ils ne voulurent pas contrarier ce petit « défaut ».
Bien sûr, l’entrée à l’école maternelle n’y changea rien, et Chris se débrouillait très bien avec sa main gauche. Les années passèrent et permirent à cette gentille famille de trouver un certain équilibre avec ses deux charmants bambins.
Chris essayait, tant bien que mal, de résister aux assauts de ses copains de classe qui ne manquaient pas de se gausser de lui lorsqu’un exercice devenait difficile pour sa main gauche. Mais Chris avait du caractère et en grandissant, il était bien décidé à ne pas se laisser faire.
Lorsqu’il eut huit ans, un heureux évènement fut annoncé : Lui et Mike allaient avoir une petite sœur…. D’abord très heureux, Chris se rendit compte qu’il ne serait plus le petit dernier…. Une certaine angoisse le saisit mais elle ne dura que le temps de la grossesse de Maman. Lorsque Lily parut, toute crainte s’était enfuie…. Ce bébé-là était si magnifique ; il en fut très fier, car à présent, lui aussi devenait un grand frère.
Mais, mais….. Ne demandez pas à un enfant qui a été gâté pendant huit ans, de faire abstraction d’une pointe de jalousie…. Il lui semblait que toute l’attention de ses parents était maintenant portée uniquement sur Lily. Alors, peu à peu, Chris devint taciturne et accro aux jeux électroniques… Sa main gauche devint très adroite pour frapper sa console ou le clavier de son ordinateur.
Heureusement, papa et maman veillaient et très souvent, Chris dut se résigner à jouer avec son frère ou veiller sur sa petite sœur. Les réunions de famille et autres agapes avec ses parents n’étaient pas vraiment sa tasse de thé et dès qu’il le pouvait, il se réfugiait dans sa chambre pour y retrouver ses jeux.
Cependant, ne s’avouant pas vaincu par ce qu’il considérait comme un handicap, Chris avait décidé de faire comme son grand frère, et il se mit à étudier le piano avec acharnement, progressant rapidement. D’ailleurs, Mozart lui-même n’était-il pas gaucher ! Chris prenait un plaisir certain à montrer ses talents de pianiste à tous ceux qui venaient à la maison.
Si, quelques fois, les Dawson devaient se fâcher pour qu’il fasse ses devoirs, somme toute, ses résultats scolaires n’étaient pas si mauvais, et il se prenait à rêver qu’il était aussi fort que Mike, avec en plus cette petite particularité qui le distinguait des autres. Et puis Lily, en grandissant, devenait très intéressante, et il allait pouvoir lui apprendre des tas de choses, surtout celles qui étaient défendues ! L’harmonie qui régnait entre ces trois enfants faisait plaisir à voir.
Chris trouvait petit à petit sa place de cadet, pas la meilleure certes, car il aurait voulu prouver au monde entier que sa « gaucherie » ne l’empêchait pas d’être quelqu’un de bien.
Le destin allait lui donner un petit coup de pouce…
Il avait beaucoup neigé ce mercredi matin, "Ppa" et "Mman " étaient au boulot, Mike au collège et Lily chez sa nurse ; Chris décida de faire une partie de bob dans l’immense pré entourant leur cottage. Il aimait tant admirer les White Mountains enneigées qui se profilaient en dents de scies sur le ciel bleu du New Hampshire. Il s’en donna à cœur joie une grande partie de la matinée, détrempant sa tenue de ski, mais qu’importe…. Seul, face à cette immensité blanche, le monde lui appartenait.
Lorsqu’ il commença à avoir froid aux pieds, il décida qu’il était temps de regagner la maison. Il aperçut alors un immense nuage de fumée noire, à proximité de la ferme des DAVIS, deux septuagénaires qui coulaient une paisible retraite, à quelques centaines de mètres de chez Chris.
D’abord intrigué, Chris rangea sa luge dans le hangar, et rentra à la maison pour se sécher. Au bout de quelques minutes, il vint coller son nez à la fenêtre et s’aperçut que la fumée rougeoyait… mais oui, ce sont bien des flammes qu’il apercevait.
Alors, tout se passa très vite dans sa tête….. Il prit le téléphone et composa le 911 …. L’homme qui lui répondit fut d’abord étonné et crut à une plaisanterie.
- Tu es sûr mon bonhomme ? … Il y aurait un incendie ? -
- Oui, Monsieur, venez vite, je vous en prie, les flammes sont très hautes, et dans la maison, il y a deux vieilles personnes, même que M. DAVIS, il est malade, il ne peut plus marcher ! Vite, vite !
En effet, M. Davis, avait subi l’année précédente un accident vasculaire cérébral qui lui avait laissé des séquelles importantes, et il était désormais condamné à se déplacer en fauteuil roulant.
Chris, n’écoutant que son courage, rechaussa en vitesse ses bottes, enfila le premier blouson qu’il trouva, n’oubliant pas son bonnet et son écharpe et sortit de la maison comme une fusée. Il se mit à courir aussi vite qu’il le put sur le chemin enneigé. Il savait que les pompiers n’arriveraient pas de sitôt, à cause notamment de la neige abondante sur la petite route menant chez lui, puis chez les Davis. Tous les hivers c’était la même rengaine, papa était de corvée de déneigement, car dans ce coin perdu, bien au-dessus de la ville de Conway, les engins arrivaient toujours tardivement. Et puis la neige s’était mise à tomber après le départ de papa, alors…..
Elle tourbillonnait furieusement et les gros flocons venaient se plaquer sur le visage de Chris. Chaque pas demandait un effort incroyable et bientôt les jambes de Chris s’enfoncèrent à mi- mollet dans le tapis neigeux. L’angoisse le tenaillait mais l’envie d’arriver à temps le portait et le poussait à accélérer l’allure.
Enfin, il aperçut la « cabane » des Davis, comme il l’appelait, car construite uniquement en bois, selon la tradition du « presque Québec ». Papa, lui, avait voulu une vraie maison en dur pour sa famille, réminiscence d’aïeux français sans doute. Chris se dit qu’il avait eu une sacrée bonne idée là.
Saisi par l’ampleur des flammes qui s’élevaient au-dessus de la cabane, Chris se figea un instant. Les leçons de sécurité apprises à l’école se bousculaient dans sa tête… Se protéger le visage, marcher à ras du sol… Il fonça à l’intérieur de la cabane et appela les occupants :
- Monsieur Davis, Madame Davis, où êtes-vous ? Etes-vous blessés ?
La voix de Mme Davis s’éleva comme une plainte :
- Vite, par ici, nous sommes coincés….. Je ne peux plus bouger M.Davis !
La fumée, de plus en plus dense, faisait comme un rideau noir et Chris avait beaucoup de difficultés à apercevoir quoi que ce soit ; la chaleur à l’intérieur était intense et contrastait fortement avec l’extérieur.
Enfin, Chris aperçut, au fond de la cuisine, Mme Davis penchée sur M. Davis…. Celui-ci semblait endormi, affalé dans son fauteuil roulant.
- Viens vite Chris, je n’arrive pas à sortir le fauteuil roulant… C’est trop lourd, et il y a tous ces morceaux de bois tombés qui me gênent.
Chris s’avançait dans l’enchevêtrement de poutres et gravas, tenant sur son visage son écharpe qu’il avait mouillée dans la neige avant d’entrer. Mme Davis commençait à avoir des difficultés à respirer, à cause de l’épaisse fumée qui emplissait ses poumons. Chris saisit un torchon accroché près de l’évier, le mouilla au robinet et demanda à Mme Davis de l’appliquer sur sa bouche.
Avec des efforts surhumains, il poussa de toutes ses forces le fauteuil roulant…. C’est vrai qu’il était lourd le « Dada », comme l’appelait gentiment Chris depuis sa petite enfance. La pauvre Mme Davis, complètement paniquée, s’accrochait à son bras gauche, entravant encore plus sa marche vers la sortie.
- Mme Dada, prenez plutôt mon bras droit….. On y arrivera mieux !
A ce moment-là, dans un craquement sinistre, la poutre maîtresse de la toiture se fendit et se mit à basculer vers eux : Chris crut alors que s’en était fini de leurs vies. Dans un réflexe qu’il ne saurait expliquer, il projeta d’un coup violent le fauteuil vers l’avant, et se jeta sur la pauvre Madame Davis pour la protéger.
Ce geste les sauva de la vilaine poutre qui alla s’écraser à quelques centimètres d’eux. En se relevant, Chris aperçut le drôle d’angle formé par son bras droit et son avant-bras. Une douleur fulgurante le transperça, mais à la vue de Mme Dada qui se relevait péniblement, mais sauve, il n’eut plus qu’une idée en tête : sortir de cet enfer.
C’est avec soulagement qu’ils parvinrent jusqu’à la porte d’entrée, encore étrangement debout alors que la quasi-totalité de la demeure était en cendres !
Le son de la sirène du camion des pompiers qui approchait, projetant des gerbes de neige sur les bas-côtés, ne lui avait jamais paru si belle mélodie ; l’ambulance suivait ainsi que la police, et bien sûr, comme toujours dans ces cas-là, la cohorte habituelle de « journaleux » locaux friands du moindre évènement.
Chris avait pris soin d’envelopper Mme Dada et son mari dans la couverture que celui-ci ne quittait jamais. A les voir ainsi, Mme Davis sur les genoux de M. Davis, tous deux dans le fauteuil roulant, on aurait pu penser qu’il s’agissait d’amoureux tendrement enlacés ! Cette pensée fit sourire Chris, malgré cette douleur lancinante au bras.
Les pompiers maitrisèrent sans peine l’incendie qui avait dévoré presque toute la maison des Davis. Le médecin prit en charge les Davis en priorité, en raison de leur grand âge, et lorsqu’enfin il se tourna vers Chris, il fut stupéfait de rencontrer dans le regard de Chris une détermination incroyable, malgré sa vilaine fracture au coude ; seule la pâleur de son visage reflétait sa souffrance. Bien sûr, les journalistes voulaient l’interroger tout de suite, mais le médecin fut intransigeant :
- Direction l’Hôpital…. La presse ce sera pour demain.
Les Davis et Chris furent conduits rapidement à l’Hôpital, enfin aussi vite que la neige le permettait ! Pendant le trajet, Chris, soulagé par un antidouleur puissant, songeait à la tête que ferait maman lorsqu’elle accueillerait son fils au service des urgences dans lequel elle travaillait !
La surprise, la peur rétrospective, les questions bouleversaient maman qui, pour un instant, en oublia ses devoirs professionnels. Elle fut ramenée à la réalité par le médecin chef de service : il sollicitait son aide pour soigner tout ce petit monde. Tout se déroula au mieux, et bientôt, M. et Mme Davis se retrouvèrent en couple dans une jolie chambre. Pas de bobos pour Mme Davis, si ce n’est une grande frayeur. Quant à M. Davis qui avait perdu connaissance dès le début de l’incendie, il ne s’était rendu compte de rien et se demandait bien ce qu’il faisait à l’hôpital.
Chris eut droit à une jolie chambrette confortable avec téléviseur et toutes commodités. Maman promit de lui apporter dès le lendemain sa console de jeux, avec bien sûr de nouveaux jeux, et de nombreux livres, autre pêché mignon de Chris. Il serait immobilisé plusieurs semaines à cause de son bras, mais qu’importe, ils étaient tous sains et saufs.
Le lendemain, après une nuit quelque peu agitée et peuplée de cauchemars de feu, Chris reçut la visite du journaliste de la gazette du coin. Curieux, celui-ci lui posa des centaines de questions sur sa vie, sur l’incendie et son acte d’héroïsme. Il lui dit :
- Tu dois être bien handicapé avec ton bras droit immobilisé ?
Chris dans un grand éclat de rire, rétorqua :
- Pas du tout, je suis gaucher, et pour une fois que ça sert à quelque chose ! Mes copains ne pourront plus dire que je suis gauche !
Le journaliste qui en connaissait un rayon chez les gauchers, lui raconta des anecdotes sur des gauchers célèbres, citant Mozart, Charlie CHAPLIN, Bill GATES, Jimi HENDRIX, le mime MARCEAU, Paul VERLAINE, Léonard de VINCI, LADY GAGA ajoutant que Dean R.Campbell, un de leur compatriote , avait créé aux États-Unis en 1975 le premier syndicat de gauchers, et décidé en 1976 d’instaurer une "journée des gauchers". Il a choisit le 13 août qui coïncidait cette année-là avec un vendredi, ce qui est considéré comme un jour de chance.
Ainsi, le 13 août de chaque année "La Journée Internationale des Gauchers" donne l’occasion aux gauchers d’inviter les droitiers à prendre conscience des efforts d’adaptation qu’ils doivent faire dans un environnement qui leur est défavorable. Cette journée est maintenant devenue internationale. Puis le journaliste finit par dire :
- Même notre Président est gaucher…. Tiens, ça me donne une idée !....
Les jours suivants, la presse se fit l’écho de l’évènement à grand renfort d’articles et de photos de Chris et de la maison en cendres. Toute la région était au courant. Les copains d’école se rendirent tour à tour au chevet de Chris, lui portant de menus cadeaux qu’il reçut avec beaucoup de plaisir. Cent fois il dut raconter son épopée, sans se lasser, le cœur gonflé de fierté….
Papa avait pleuré en serrant son fils dans ses bras, promettant de ne plus jamais critiquer sa gaucherie. Mike racontait dans tout le collège les exploits de son frère, montrant sa photo, découpée dans les journaux. Quant à Lily, elle câlinait Chris sur son lit d’hôpital et ne voulait plus le quitter le soir venu. Toutes les collègues de maman étaient aux petits soins pour Chris. Jamais séjour à l’hôpital ne fut plus agréable !
Puis ce fut le retour à la maison. La neige avait fondu, et le printemps pointait le bout de
son nez. Il régnait dans le cottage, un air de fête quotidien, et cette aventure avait encore renforcé
les liens de cette famille, Tous avaient accepté de bon coeur d’héberger M. et Mme Davis pendant les travaux de reconstruction de leur bicoque. Lily était toute heureuse d’avoir trouvé un papy et une mamie supplémentaires…. Et les Davis étaient en adoration devant Chris qui leur avait sauvé la vie.
Bientôt, il ne resterait de cet épisode qu’un souvenir et quelques photos…. C’était sans compter sur l’opiniâtreté de Paul Newman, le journaliste (pas l’acteur) qui, grâce à son nom, comptait des relations avec les plus hautes sphères de la politique ….
Par un beau matin ensoleillé de Juin, alors que la famille Dawson avaient tourné la page et que l’incendie était classé au rang des « choses qui arrivent dans la vie », un courrier leur parvint au nom de Chris. Maman était curieuse de savoir ce qu’il contenait, mais laissa à son fils le soin d’ouvrir l’enveloppe scellée d’un bel écusson officiel.
D’abord incrédule, Chris finit par lire tout haut cette lettre qui provenait de l’Hôtel de Ville de Conway :
Etat du New Hamphsire
Ville de Conway
A
Monsieur Chris Dawson
Cottage du Moulin
Kangamagus-Hwy
CONWAY
Au nom du Président des Etats Unis
Le Maire et les Conseillers
Vous prie de bien vouloir assister
A la Cérémonie organisée en votre honneur
Le samedi 5 juillet prochain à 18 heures
Dans la grande salle des célébrations de l’Hôtel de Ville
Etait-ce une plaisanterie ? Chris retourna le feuillet plusieurs fois dans ses mains, maman le lut et le relut…. C’était bien une lettre en provenance de l’hôtel de ville, le cachet officiel le confirmait.
Les semaines suivantes furent bien agitées, chacun y allant de son idée sur la cérémonie… Pourquoi moi se disait Chris… Mike imaginait même que le Président serait là ! Lily n’y comprenait rien, mais participait en riant aux débats ! Papa et Maman éprouvaient une fierté mêlée d’angoisse : il allait falloir répondre aux médias, et ils n’avaient pas l’habitude d’exposer ainsi leur vie.
Enfin, le grand jour arriva. Chacun eut à cœur de se mettre sur son « trente et un ». Papa avait choisi sa plus belle cravate ! Maman était passée chez le coiffeur, avec Lily bien sûr. Toutes deux ressemblaient à des princesses. Mike avait enfin accepté de se faire couper les cheveux, trop longs au goût de tous. Quant à Chris, avec son pantalon blanc, sa chemise du même bleu que ses yeux et ses cheveux blonds comme les blés, il aurait fait pâlir d’envie tous les princes scandinaves !
Ils se tenaient maintenant tous les cinq debout dans la grande salle de l’Hôtel de Ville, muets d’admiration pour les boiseries et les tableaux qui ornaient les murs. M. et Mme Davis étaient présents aussi, serrés autour de Chris… même Lily, d’habitude si bavarde, restait silencieuse, impressionnée par le nombre de notables qui les entouraient. La tension était palpable autour des Dawson, malgré l’accueil chaleureux de l’Assistante du Maire… Chris s’impatientait de savoir ce qui l’attendait….
Au bout de quelques minutes qui lui semblèrent des heures, Chris aperçu le Premier Magistrat de la Ville faisant son entrée dans le grand salon. Un sourire éclairait son visage et il se dirigea tout droit vers la famille Dawson, après avoir serré la main de Dawson et des Davis, il s’adressa à Chris :
- Je crois que tu es Chris, on ne peut pas te louper, ta photo a fait largement la une des journaux ! J’ai une surprise pour toi, mais avant je vais faire un petit discours, si tu le permets.
Chris ne sut que répondre et intimidé, baissa la tête. Le Maire se dirigea vers une estrade et entama son discours :
- M. et Mme Dawson, Chris, Mike et bien sûr Lily, nous sommes aujourd’hui fiers de vous accueillir dans ces murs qui ont vu passé tant de notoriété. Nous voulons rendre hommage à Chris qui a fait preuve d’un courage exemplaire en se portant au secours de M. et Mme Davis ; grâce à lui et à son sang-froid, nous avons la joie de les compter parmi nous pour cette petite cérémonie. Nous disons bravo Chris, et parce que tu es devenu, toi aussi une célébrité, bien plus importante que le Maire d’une petite ville, nous avons voulu que notre reconnaissance soit portée par un personnage digne de ton courage…. Mesdames et Messieurs, je vous remercie d’accueillir chaleureusement le plus grand homme des Etats-Unis.
C’est alors que Chris crut qu’il faisait un rêve tout éveillé….
Décontracté, souriant dans son pantalon bleu et sa chemise blanche, il était tel que Chris l’admirait à la télévision… Chris se tourna vers Papa avec une interrogation dans les yeux, papa lui répondit par un petit clin d’œil… Tiens ! tiens ! Papa ne semble pas surpris…. Mike qui ne manquait jamais d’esprit d’à propos, sortit son mobile et mit le caméscope en marche….
Oui, c’est bien lui, le Président des Etats-Unis en personne qui se dirige tout droit vers Chris et le serre dans ses bras !!! Oh ! là là…. les copains ne vont pas s’en remettre !
L’Assistante du Maire s’approcha et tendit un petit écrin à M. OBAMA.
En accrochant, de sa main gauche, la médaille sur la poitrine de Chris, le Président prononça ces mots :
- Chris… Au nom des Etats-Unis d’Amérique, je te remets la Presidential Medal of Freedom pour le courage dont tu as fait preuve, en sauvant M. et Mme DAVIS au péril de ta vie. Que ton acte soit un exemple pour toute la jeunesse américaine. Sois fier de ton geste comme nous le sommes tous. Que ton avenir soit tel que tu l’as souhaité, plein de joies et de richesse.
Muet, raidi dans sa timidité, Chris n’arrivait pas à réaliser ce qui lui arrivait. Le Président lui donna une poignée de main, gauche bien sûr et le gratifia d’une accolade amicale en lui murmurant à l’oreille : On les a bien eus avec notre gaucherie, hein ??? Ce qui eut pour effet de détendre instantanément Chris.
Puis le verre de l’amitié fut servi avec quelques petits fours qui régalèrent notre gourmand de Chris. Le Président allait de l’un à l’autre, avec son sourire inégalable, il avait la manière de mettre tout le monde à l’aise. Chris, bien sûr était le point de mire de tous, mais maintenant il se sentait décontracté sur son petit nuage.
Le Président se rapprocha une nouvelle fois de lui pour un brin de causette.
- Tu sais, lui dit-il, hier c’était l’Indépendance Day. J’aurais aimé que cette cérémonie puisse se faire ce jour-là, mais évidemment j’avais d’autres obligations à Washington … Mais l’essentiel est que tu sois récompensé… A dix ans, tu es devenu le plus jeune héros du New Hampshire. Je vais te faire inscrire dans le Livre des Records.
- Vraiment la médaille c’est déjà un beau cadeau. Et je ne sais pas si je peux encore figurer dans le Livre des Records, car aujourd’hui, j’ai onze ans, Monsieur.
- Oui, je sais, Chris…. Et comme c’est ton anniversaire, tu peux me demander ce que tu veux…. Sauf la lune, bien sûr !
Dubitatif, Chris se gratta la tête, en signe de réflexion :
- Il faut que je réfléchisse, j’aimerais avoir tellement de choses….
Il regardait partout, cherchant l’inspiration auprès des siens…. Puis soudain :
- Ah ! si… monsieur le Président, il y a une urgence : Vous pourriez offrir un fauteuil électrique à M. Davis ? Mme Davis n’a plus assez de force pour le pousser… et c’est vrai que c’est difficile dans la neige !
FIN
Toute ressemblance avec des faits et personnages existants serait fortuite
Colette - Juillet 2012